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Gaston Paul Effa 2 Gaston Paul Effa-copie-1

Rencontre littéraire
Samedi 19 octobre 2013.
''Je la voulais lointaine''
Précédé par sa notoriété d'auteur confirmé - une douzaine de romans à son actif - Gaston-Paul EFFA était attendu par un nombreux public réuni, pour la circonstance, à la Brasserie du Grand Comptoir de la Gare de Metz.
Je n'attendais rien de particulier de cette rencontre, puisque l'écrivain à triple casquettes (écrivain, philosophe et restaurateur) dont les vies (littéraire et professionnelle) se croisent et s'entrecroisent pour mieux se confondre au détour d'un roman, n'était, pour moi, qu'un résumé de quatrième de couverture, une chronique sur le net, un papier dans les pages culturelles de mon quotidien. Puis il a fait son entrée dans la salle bruyante du Grand Comptoir. D'emblée, je fus séduite par la haute stature et le sourire accueillant de celui qui reçut le grand prix littéraire de l'Afrique noire en 1998 pour Mâ (Ed. Grasset).
Je n'avais pas lu, tout juste effeuillé, "Je la voulais lointaine", pourtant la toute première phrase du roman m'avait interpellée : " Je m'appelle Obama, un nom d'oiseau " Transmission de pensée ou hasard des questions, Nicole FAESSEL interrogea l'auteur à ce propos:
- Pourquoi votre héros se prénomme-t-il Obama ? Y a-t-il un lien avec le prénom du président des EU ?
- Aucun, OBAMA est le nom donné à l'oiseau messager entre le soleil et la terre, les dieux et les hommes. Il est le médiateur entre les vivants et les morts, il est le pont entre l'Afrique et l'occident. C'est l'aigle dont l'œil qui voit tout a le pouvoir de regarder le soleil en face. Le ton était donné. La parole, comme un aveu, se libérait. Nous n'étions plus dans la Grande Brasserie, mais sur ce fascinant continent tissé de mystère où les traditions nées dans la nuit des temps se transmettent de père en fils. Le souffle des ancêtres nous avait soudain transportés sur les rives de cette terre de contrastes oscillant entre modernité et traditions séculaires, où la mort donne cours à des manifestations de liesse.
En quelques mots, Gaston Paul EFFA nous relata les relations particulières qu'entretiennent les Africains avec la mort. Sur ce continent aux croyances variées, nous a-t-il dit, on boit, mange, chante, danse parce que : *" Ceux qui sont morts ne sont pas morts... les morts ne sont pas sous la terre. Ils sont dans l'ombre qui frémit. Ils sont dans l'eau qui coule. Ils sont dans l'eau qui dort. Ils sont dans la case, ils sont dans la foule… "
*Extrait du recueil " Les Souffles ", Les Contes d'Amadou Koumba de Bigaro DIOP poète et conteur né en 1906 et décédé en 1989.
" Je vais bâtir ma vie, je quitte l'Afrique "
" Aller au pays de Montaigne, de Chateaubriand et de Rimbaud m'intéressait moins que la perspective de fuir cette terre mienne, et ces liens inextricables…
…De me porter vers ce pays où il n'y a pas d'arbres, où les hommes sont sans ombre, où le bitume recouvre partout la terre, où les morts ont froid, mais où les Africains rêvent d'aller un jour."
Ainsi parlait Obama petit-fils de féticheur, africain de culture animiste, le narrateur de ce livre qui, après avoir enterré le sac totémique de son aïeul, transmis comme un oracle, fuit ce continent aux traditions trop lourdes à porter.
Sacrilège ou terreur, cet acte s'inscrit en transparence sur le destin de ce jeune homme choisi pour tutoyer les dieux. Ainsi se déploie le récit poétique d'un être qui, un jour, retrouve en lui la mémoire, fait le chemin en arrière et trouve l'apaisement.
Gageons donc qu'Obama à qui les anciens, en choisissant son prénom bien avant sa naissance, ont imposé à son âme une autre destinée que la sienne... gageons, disais-je, que ce qui le rend heureux aujourd'hui c'est la sérénité dans la solitude. Peut-être se dit-il que le bonheur c'est maintenant, dans la chose faite à l'instant présent.
Pour terminer cette rencontre riche en émotions littéraires et philosophiques, Gaston Paul EFFA nous invita à prendre le temps de faire attention aux autres, à tous ces petits détails qui nous entourent. Il nous encouragea à regarder les choses d'assez haut, afin que celles-ci prennent, un jour, une autre dimension.
Si Cervantès à travers son " Don Quichotte " apprit à Gaston Paul EFFA que les livres transforment ceux qui les lisent, alors, que ceux qui pensent avoir quelque chose d'Obama en eux se jettent avidement sur ce roman initiatique porteur d'espoir et de rédemption !

E. M.

«Je la voulais lointaine »
G.P. EFFA
Actes sud 133 pages / 15€80

Tag(s) : #Cafés littéraires de l'APAC

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