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Elise FISCHER,
marraine de la 2e édition du Salon du Livre en Hiver à Metz

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Le samedi 14 décembre 2013, l'APAC recevait madame Élise Fischer, femme de lettres, pour son dernier roman " Je jouerai encore pour nous " (éditons Calmann-Lévy). Une cinquantaine de passionnés de lecture s'était pressée dans le prestigieux Salon de Guise de l'Hôtel de Ville de Metz pour assister à cette rencontre-dédicace, animée par Nicole BARDIN-LAPORTE qui mena, deux heures durant, le jeu des questions-réponses auquel Elise FISCHER se prêta avec simplicité et sincérité. Pas de nombrilisme chez cette femme engagée, auteure d'une quarantaine de romans dont beaucoup ont été distingués. Née à Champigneulles d'une maman Alsacienne et d'un papa Lorrain, elle voue à sa région natale une véritable passion, que l'on retrouve d'ailleurs dans chacune de ses histoires. Élise FISCHER avoue : " Je pense que l'éloignement a fait que j'ai exprimé mon amour pour la région dans mes romans. Quand j'écris sur la Lorraine, je me documente et j'y trouve des savoir-faire extraordinaires ".
En 1988, alors journaliste, Élise FISCHER interviewait une Sud-Africaine (blanche) qui dénonçait les évènements dramatiques se passant en Afrique du Sud alors soumise à l'apartheid. Bouleversée par ce qu'elle découvrait, elle écrira à la demande de son éditeur d'alors (Fayard) son premier livre : Les Enfants de l'apartheid. Un ouvrage militant qui sera suivi par deux autres essais, toujours chez Fayard, "Philippines, les enfants du mépris" et "Feu sur l'enfance". Une trilogie qui consacrera vingt années de lutte contre les tortures faites aux enfants, combat qu'elle entama en 1968 après avoir rejoint l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture). Une auteure était née.
Élise FISCHER pense que les femmes ont toujours écrit en gérant la famille. " D'ailleurs, les femmes sont de grandes résistantes", nous dit-elle (au propre comme au figuré, et de citer le nom de Charlotte Delbo, femme de lettres et grande résistante). Les auteurs (hommes) ne travaillent pas dans le même esprit que leurs consœurs. Ils écrivent, nichés dans les arbres, dans la cabane du jardinier, sur une île déserte …Sourire…
Aragon disait : "On écrit pour devenir quelque chose". Élise FISCHER a le sentiment que pour exister et devenir quelqu'un, pour construire sa vie et être pleinement heureux, il est essentiel de savoir d'où l'on vient et de connaître ses racines.
" Je jouerai encore pour nous " donne à Élise FISCHER le prétexte de faire revivre à travers l'intense histoire d'amour qui unit Anaïs, catholique, et Nathanaël, juif, une page dramatique de l'histoire de France. Au début du roman, elle évoque la rafle des juifs qui eut lieu simultanément à Nancy et à Paris en juillet 1942 (opération nommée" Vent printanier ").Hommage est aussi rendu aux gendarmes français qui, au courant de l'opération, purent prévenir les familles nancéiennes concernées et ainsi sauver près de 350 personnes.
Passerelle entre passé, présent et futur, ce roman fait réfléchir aux non-dits et à la souffrance transmise en héritage ; c'est aussi et surtout un livre lumineux sur la transmission de la vie. Dans la forme, Elise FISCHER, en mélomane passionnée signe avec ce récit émouvant un manuscrit qui, s'il avait été rédigé sur une portée, serait, à n'en pas douter, une partition musicale : Harmonie, rythme, mélodie, dynamique, silence, nuances et soupirs y reflètent avec maestria les émotions diverses de l'âme humaine.
Au fil des pages, vous croiserez des visages féminins exceptionnels car les femmes, comme la musique, sont omniprésentes dans ce livre. En compagnie de nos deux tourtereaux, vous irez à Strasbourg, ville d'adoption de Goethe et vous vous laisserez bercer par la chanson triste d'Henri Duparc. Avec eux encore, vous visiterez les rues de Nancy, capitale des Ducs de Lorraine. Et puis, il y aura ce voyage à Jérusalem…Mais je ne vous en dis pas plus. À vous, à présent, la découverte… !
Le Kaddish de Maurice Ravel était sur le point de se terminer. L'archet sur le violon de Diego Tosi s'apprêtait à en magnifier les dernières mesures. Pour ne rien perdre de ces instants lyriques, j'avais arrêté la folle course de mes doigts sur le clavier AZERTY de mon ordinateur et, recueillie, j'étais à l'écoute de ce texte liturgique, inspiration de bon nombre de poètes, d'écrivains et de compositeurs, lorsque, brisant la sérénité sacrée du moment, comme tout droit sorti des pages du roman ouvert devant moi, il me sembla entendre deux voix. Bruissements doux de cœurs éperdus d'amour :

* " Nos peines seront communes " chuchota tendrement l'une d'elles. Un écho cristallin, lui répondit :
* " Ah, si je savais, si je pouvais chanter….Je vais te dire les paroles dans l'oreille, il ne faut pas les prononcer trop fort :
* Tu prendras ma tête malade,
Oh ! Quelquefois, sur tes genoux,
Et lui diras une ballade
Qui semblera parler de nous;
Et dans tes yeux pleins de tristesse,
Dans tes yeux alors je boirai
Tant de baisers et de tendresses
Que peut-être je guérirai.

Evelyne MEDUCIN
14 décembre 2013

*Air de Neris MÉDÉE de Luigi Cherubini opéra en trois actes
* Extrait de la chanson triste d'Henri Duparc compositeur né à Paris, le 21 janvier 1848 - mort à Mont-de-Marsan, le 12 février 1933.
* Extrait page 134 et 135 de " Je jouerai encore pour nous " paru aux éditions Calmann-Lévy

Tag(s) : #Cafés littéraires de l'APAC

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